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peintre, se trouvait tout au haut d’une maison moderne, située au coin des avenues Henri-Martin et Victor-Hugo.

C’était une vaste pièce, au sol revêtu de tapis, aux murs richement ornés de tentures, d’étagères, de bahuts supportant des bibelots précieux, mais dont peu de meubles encombraient le centre, Jacques aimant s’y promener librement.

Une particularité de cet atelier était que pas un tableau, pas une esquisse ne s’y voyait, sauf les toiles en train sur leur chevalet.

Laumière n’aimait pas les œuvres des autres, et les siennes, terminées, l’horripilaient quand il les avait perpétuellement sous les yeux.

Riche, orphelin, ayant horreur de toute attache, quelle qu’elle fût, Jacques faisait de la peinture avec un incontestable talent, la plupart du temps en amateur.

Pourtant, il vendait parfois, pour s’affirmer que ses œuvres étaient appréciées.

Ce qu’il préférait, c’était le portrait. Mais il voulait choisir ses modèles, et il avait créé une série de figures d’humanité moderne et curieuse, et dont l’image de Cady serait certainement parmi les plus attachantes.

Ces portraits, il les offrait à l’original, en se réservant seulement le droit de les faire figurer à toutes les expositions intéressantes. Les toiles qu’il destinait au public et auxquelles il attribuait une valeur marchande avaient toutes un sujet antique ou exotique. Il y montrait surtout une science du décor, une richesse de coloris qu’il abandonnait complètement lorsque, aux prises avec l’énigme d’une physionomie humaine, il traitait cette tête avec des minuties à la Memling, et l’entourait de hâtives ambiances estompées, rappelant l’individu plus qu’elles ne le précisaient.

C’est ainsi qu’il avait peint, sur la grisaille indé-