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l’ordre à Mathurine de rester tout le temps dans l’atelier.

— Mme Darquet y est-elle venue quelquefois ?

— Jamais.

— Pourrait-elle y venir ?

— Ce n’est pas probable… En tout cas, pas cette après-midi, c’est son jour.

— Et votre père ?

— Papa est à la Chambre, et il ne sait même pas que je vais chez Jacques, aujourd’hui.

Mlle Lavernière conclut avec désinvolture :

— Alors, ma chérie, je ne vois pas qu’il y ait d’inconvénient à vous confier à votre peintre… J’irai faire quelques emplettes urgentes… Mais vous pouvez compter que je vous reprendrai à cinq heures.

Puis elle ajouta, devant le mutisme de son élève :

— À moins que cela ne vous soit désagréable ?… Alors, je resterais.

Les yeux énigmatiques et voilés, comme examinant au dedans des choses invisibles, se rappelant mille petits faits inconnus, Cady hocha la tête :

— Non, fit-elle lentement. Cela ne m’est pas désagréable.

— M. Laumière ne s’étonnera pas, je suppose ?… Et il ne bavardera pas ?

La fillette eut un sourire légèrement contraint.

— Oh ! Jacques ne s’étonne de rien… Et il sera discret.

Cependant, malgré sa hardiesse habituelle, elle éprouva une sensation de gêne et de malaise lorsque, pour la première fois de sa vie, elle se trouva entièrement seule, dans une pièce close et isolée, auprès d’un des commensaux de son père, de l’un de ses partenaires d’un flirt trouble que venait d’ordinaire, heureusement, limiter le public qui les environnait.

Toutes les audaces dissimulées de ses caresses, de ses frôlements hypocrites, de ses aguichantes câlineries de fausse enfant qu’elle prodiguait à des