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— Oh ! le voilà !

Marie-Annette se tourna vivement :

— Où donc ?

— Là, en face, appuyé à la balustrade. Il cause avec elle… Elle a une robe nouvelle…

Marie-Annette eut un léger cri :

— Oh ! vois son œil !… C’est tout noir autour, comme s’il avait reçu un coup.

— Oui, il a un fameux pochon !… Peut-être qu’il est tombé et qu’il a attrapé un coup de patin.

— Ou plutôt qu’il s’est battu. Tiens, Cady est déjà avec le petit Georges…

Très intriguée par ce colloque, dont elle n’avait pas perdu un mot, Mlle Armande s’efforça de distinguer le couple duquel les jeunes filles s’entretenaient.

Mais justement, à cet instant, Cady passa, animée, une expression inusitée sur ses traits. Elle patinait à petite allure, les mains entrelacées à celles d’un petit garçon blond, aux longues boucles pâles tombant sur son jersey de marin, au pantalon long épousant étroitement ses formes qui gardaient le potelé de la première enfance.

Il pouvait avoir huit à neuf ans. Rien n’était plus joli que son visage au teint délicat, à l’ovale rappelant celui des vierges de Raphaël, aux doux yeux bleus un peu fuyants, bordés de longs cils très foncés — peut-être artificiellement avivés de noir car ses lèvres rieuses et tendres avaient certainement été aussi frottées de rouge.

Il s’appuyait contre Cady d’un air câlin, et ses yeux attachés sur sa grande amie exprimaient une affection passionnée.

Tous deux parlaient en même temps, sans s’écouter, en un besoin ardent de se confier tout ce que leur cœur mettait en réserve, sans doute depuis le dernier jour de leur rencontre.

Soudain, ils s’arrêtèrent, et Mlle Armande vit Cady tendre son front pour un baiser à une très jolie