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toire de ce diamant qui, là-bas, s’appelait la Pierre de Lune, et passait pour un talisman.

Tout doucement, onduleuse et avec une grâce singulière, la fillette se glissa sur le canapé, dans l’étroit espace libre, entre les jeunes gens, et, se blottissant contre tous deux, elle prononça avec une simplicité et une candeur parfaitement jouées :

— Mais, monsieur, je suis aussi un tout petit enfant, et j’aime les histoires…

Séduit, malgré lui, Maurice caressa les cheveux de soie de la fillette, et, se penchant sur sa nuque parfumée, il dit :

— Eh bien, voici le conte de la Pierre de Lune…

Tandis qu’il poursuivait son récit, lovée de plus en plus intimement contre lui, avec un étrange instinct de la séduction sensuelle que la femme porte en soi, Cady s’efforçait sournoisement de troubler le conteur par le contact irritant de ce trop jeune corps animé de vouloirs encore obscurs, mais néanmoins disproportionnés à son âge.

Quand il se tut, peu à peu sourdement gagné par un embarras inexpliqué, elle se haussa lentement et l’embrassa dans le cou, avec une apparente douceur soumise.

— Je vous remercie, vous avez été très bon, fit- elle tout bas.

Et elle s’échappa d’un saut, tandis que le jeune homme avait un geste impatient et gêné. Ses yeux rencontrèrent ceux de Jacques, qui l’étudiaient.

— Singulière petite créature ! murmura le colonial.

Jacques ralluma une cigarette.

— Étonnante.

Bas, pour ne pas être entendu des autres hommes, Maurice jeta, avec une animation contenue :

— Veux-tu que je te dise ? Cela m’indigne !… Inconsciemment, je l’admets, mais bien réellement, on déprave ici cette enfant !… qui, peut-être, sans la