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Elle ne répondit que par le roucoulement d’un long rire, et, fuyant d’un geste rapide, elle vint s’abattre aux côtés de son père, qui causait avec Alexis Draven, le colossal 7 À norvégien, tous deux demi-couchés sur un divan et soufflant d’énormes bouffées blanches.

— Papa, mon cher papa ! murmura-t-elle caressante, s’allongeant près de M. Darquet, enlaçant son cou et y nichant des baisers passionnés.

Dans sa démonstration tendre, il y avait une part de sincérité indéniable ; mais, aussi, la conscience nette, orgueilleuse du joli tableau qu’offrait aux regards des spectateurs son corps mince étendu, l’’étoffe légère de sa robe collant à ses formes gracieuses, ses jambes nerveuses et fines découvertes en leur gaine transparente de soie noire.

Des exclamations admiratives vinrent immédiatement la chatouiller. Elle savourait, enfiévrée, les éloges presque brutaux de ces hommes aux instincts raffinés qu’émouvait en secret ce fruit vert et qui affectaient, par convenance, de la traiter ainsi qu’un simple animal gracieux.

Du reste, elle ne s’attarda pas en sa pose et se redressa, les mains dans celles de son père.

— Donne-moi une cigarette ? supplia-t-elle,

— Jamais de la vie ! s’écria Cyprien avec une fausse indignation.

Draven l’attira ; les poils rudes de son épaisse barbe d’or effleurèrent le visage de la petite.

— Est-ce cette fois-ci que je t’emmène dans mon pays ? plaisanta-t-il avec son accent chantant.

Cady hocha la tête, entrelaçant ses doigts menus aux énormes doigts du Norvégien.

— Ma foi non, j’ai peur des ogres !

Il se renversa en riant sur les coussins, sans désunir leurs mains, en sorte que le corps souple de la fillette s’étala un instant complètement sur le torse du géant.