Espiègle et hardie, Cady tendit la main vers l’entre-bâillure de la chemise du jeune homme, au plastron de laquelle il manquait un bouton.
— Tiens, on voit ton gilet de flanelle !
Valentin se redressa, orgueilleux.
— Par exemple !… Jamais je n’ai porté de flanelle !
Et, écartant la fine toile de sa chemise, il fit voir un élégant maillot de soie mauve.
Cady pouffa.
— Oh ! là ! là… Ce sont tes conquêtes qui te payent de si belles choses ?…
— Dame, ça se pourrait.
Mlle Armande protesta.
— En vérité, Cady, vous avez de ces conversations !…
Valentin haussa les épaules avec indulgence.
— C’est une enfant, faut bien qu’elle s’amuse… La fillette le menaça du doigt.
— Vous, on voit bien que vous avez quelque chose sur la conscience !… Ça vous rend tout miel !.
Le jeune homme la regarda avec inquiétude.
— Écoutez, Cady, si vous alliez cancaner aux oreilles de Maria, ce ne serait pas gentil !…
Le rire de la fillette fusa.
— Hein, mademoiselle, a-t-il peur, est-il lâche ?…
L’institutrice affecta un air sévère.
— Ce n’est pas à vous de vous mêler de ce qui se passe entre M. Valentin et sa fiancée.
Cady jeta promptement :
— Maria n’est pas sa fiancée, c’est sa bonne amie. Armande et le domestique ne purent garder leur sérieux.
— Elle est impayable ! déclara Valentin.
Puis il eut un brusque rappel.
— Mais, j’ai mon ouvrage, là-bas, qui ne se fera pas tout seul !
Cady s’élança derrière lui comme il filait.