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si souvent l’enfance et l’indigne d’autant mieux que ses instincts sont plus droits et plus délicats.

Mlle Armande s’égayait. Les pleurs des petites sont une secrète revanche pour les cœurs adultes qui ont pareillement souffert autrefois.

— Calmez-vous, ça n’en vaut pas la peine !

Un quart d’heure plus tard, Mlle Armande, longeant le corridor, se heurta presque à un gros homme demi-nu qui sortait de la salle de bain.

Au coup d’œil allumé et autoritaire qu’il lui jeta, elle devina le maître du logis.

— Pardon, monsieur ! fit-elle baissant les yeux avec une hypocrite pudeur.

Les pieds nus en des sandales de rafia, le caleçon tombant du ventre volumineux, M. Cyprien Darquet ramenait vaguement son peignoir de bain sur son torse gras, au sillon velu.

Son crâne était entièrement chauve, en contraste avec sa barbe brune épaisse. L’œil luisait, vif et jouisseur.

— C’est vous, la petite Poitrinaud ? demanda-t-il en inspectant la jeune fille avec satisfaction.

Elle minauda.

Mme Darquet m’a dit que l’on m’appellerait Lavernière… du nom de ma mère.

Le député rit.

— Ah ! bon ! Eh bien ! on se reverra, mon enfant !…

Et, sans plus insister, il gagna sa chambre. Mais, en passant devant Armande, il l’écrasa presque d’un lourd frôlement voulu.