Page:Pert - La Petite Cady.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

femme ne se souciait guère, celle de Noémi était absolue. La jeune femme avait largement jeté sa gourme durant son veuvage, et les idées ambitieuses l’occupaient aujourd’hui exclusivement. Elle escomptait sa situation de « ministresse », qui lui écherrait sans doute à bref délai, et s’y préparait activement.

Pourtant, elle se piquait de ne rien négliger dans sa maison, et, entre temps, s’occupait des détails du ménage : ses deux filles en faisaient partie.

Elle fit signe à l’institutrice de s’asseoir, et parcourut un papier posé devant elle, résumant ces notes tout haut plutôt qu’elle n’interrogeait la jeune fille.

— Vous avez vingt-six ans, vous appartenez à une famille de paysans de la Mayenne. Vous avez passé par l’École de Sèvres, et dès votre arrivée au collège de jeunes filles de la Sambre, vous avez fait preuve de manque de tact et de souplesse.

Armande plaça un mot.

— J’ai, malheureusement pour mon humble situation, le sentiment de ma dignité.

— Ce que vous dites là est absurde, déclara Mme Darquet d’un ton péremptoire. La dignité est une chose absolument relative, qui doit différer selon la position que l’on occupe.

Les yeux d’Armande s’agrandirent.

— Ah ! fit-elle avec surprise.

Mme Darquet reprit :

— Là-bas, vous avez déplu. Les mères des élèves ont déclaré qu’elles retireraient leurs filles si vous restiez chargée du cours, où vous sapiez les sentiments religieux des enfants qui vous étaient confiées.

Mlle Armande expliqua :

— Enseignant dans un collège de l’Université, et non dans un pensionnat religieux, je me croyais autorisée à agir ainsi.

Mme Darquet rit ironiquement.

— Ignorez-vous donc que la religion sera toujours une élégance ?… Quelle jeune fille de la bourgeoisie