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cette conversation, Cady n’en perdait pas un mot.

Lorsque sa mère les distança pour aller s’asseoir à une table du buffet, elle glissa tout bas, en serrant sournoisement la main de son ami :

— Je m’amuse comme une petite folle !

Il répondit presque involontairement à la pression des doigts de la fillette et lui jeta un regard long, ambigu.

— Tu ne t’amusais pas autant, il y a un mois, dans mon cabinet, murmura-t-il.

Elle se détacha de lui, le visage soudain morose, fermé.

— Oh ! que c’est bête ! dit-elle avec dédain du bout des lèvres ? Qui est-ce qui songe à cela, à présent ? C’est de l’histoire ancienne !…

— En effet, le « drame de la rue Pierre-Charron » qui, durant un temps, avait éveillé la curiosité publique, tombait déjà dans la nuit du passé.

L’affaire avait dû être classée, l’instruction ne découvrant aucune piste digne d’être suivie.

Mais, pour Victor Renaudin, il restait une énigme dont évidemment Cady seule avait la clef, et qu’il ne renonçait pas à déchiffrer.

L’épaisse silhouette du sénateur Le Moël se dressa tout à coup devant la table où fumait le thé.

— Ah ! ah ! je vous trouve enfin ! s’écria-t-il avec animation. Noémi, vous ne savez donc pas ce qui se passe ?…

Mme Darquet lui sourit gracieusement.

— Mais non. Asseyez-vous donc, cher ami.

Le vieillard se laissa tomber entre Renaudin et sa pseudo-belle-fille.

— Alors, vous ne savez rien ? jubila-t-il. Eh bien, je suis heureux d’être le premier à vous apprendre que Cyprien sera probablement ministre demain !…

Noémi tressaillit tout entière ; une pâleur l’envahit ; ses yeux s’illuminèrent ; elle eut une seconde d’éclat