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Georges la tirait en arrière.

— Laisse-la donc, va… Paul n’a pas manqué son coup, je t’en réponds !

La fillette vainquit son émoi, et à pas précipités arriva devant le corps. Mlle Armande était étendue sur le dos, livide, le visage convulsé, les bras levés et crispés comme pour une lutte.

Cady, agenouillée, la souleva, essaya d’effacer l’affreux rictus avec sa main.

Elle n’est pas morte, elle est chaude ! s’écria-t-elle avec un singulier sentiment d’effroi et de répulsion.

Confusément, malgré toute son horreur pour le crime, elle préférait au fond d’elle-même que son institutrice ne fût plus, dans sa terreur que la vérité apparût. Pourtant, elle ordonna :

— Apporte-moi de l’eau.

Georges lui ayant donné un verre plein, elle essaya de desserrer les dents de l’étranglée, parvint à faire tomber un peu de liquide dans sa bouche.

Puis elle essaya des frictions sur le cou, sur la poitrine.

Au bout de quelques instants, elle reposa le corps, courbaturée, écœurée.

— Elle se refroidit, murmura-t-elle.

Georges insista.

— Je te l’avais bien dit. Laisse-la où elle est.

Cady hésitait.

— Si j’appelais ?… Peut-être qu’un médecin la ferait revenir.

Mais Georges lui montra le visage verdissant de Mlle Armande, l’espèce d’éclat vitreux qui se répandait sur ses yeux grands ouverts, l’indéfinissable aspect de l’ensemble, qui prenait l’aspect d’un cadavre.

— Elle est morte, Paul ne l’a pas manquée, affirma-t-il de nouveau.

Cette fois, la conviction de Cady était faite. Elle se détourna et fuit à pas précipités.