La fillette s’était redressée, les yeux attachés sur Georges, les idées bouleversées.
Il multipliait les paroles câlines, et doucement, avec précaution, il risquait des caresses qu’elle ne repoussait pas.
— Dis que tu me pardonnes, Cady ?… Moi, c’est pas ma faute !… C’est Paul qui a voulu… Il m’aurait zigouillé si j’avais refusé de le conduire…
Cady frissonna tout à coup et pointa du doigt vers le corridor.
— Elle !… Il l’a tuée, n’est-ce pas ?…
Georges détourna la tête avec embarras.
— Dis donc ! cria-t-elle violemment.
— Ben, oui, je crois… Dame, elle s’est jetée à crier… elle aurait fait venir du monde…
— Elle est là ?
— Oui, dans le couloir.
— Par terre ?
— Oui.
— Comment l’a-t-il tuée ?
— Avec ses mains… Oh ! il n’y a pas de sang, c’est propre.
Cady sauta à bas de son lit, tout à coup résolue.
— Viens avec moi !… Elle n’est peut-être pas encore morte…
Georges recula avec effroi.
— Oh ! non, j’ai peur !
Elle avança sur lui, indignée.
— Tu as peur ? Tu n’as pas eu peur, tout à l’heure, quand il l’a tuée !…
Georges protesta.
— J’étais pas là… J’étais dans le petit salon… J’ai rien vu…
Cady fit la lumière et le poussa.
— Marche !…
Pourtant, dans le corridor, quand elle aperçut à terre la masse blanche de l’institutrice, vêtue de sa chemise de nuit, elle eut une défaillance…