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gré son incompétence musicale, elle eut l’intuition de la fougue, de la passion, de l’espèce de maîtrise du jeu de la fillette enfiévrée, énervée par le chagrin, qu’exaspérait encore l’exaltation de la musique, rouée par la fatigue corporelle d’un exercice musculaire qui durait depuis plusieurs heures.

Arrachée à son rêve, Cady, silencieuse, maussade, mangea du bout des dents un peu de viande froide, et se coucha pour s’endormir presque instantanément.

Elle n’entendit point Mlle Armande se mettre au lit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quand elle fut réveillée en sursaut, il était environ une heure du matin.

L’on était en plein drame.

La chambre était obscure ; pourtant la porte donnant sur le corridor, ouverte, se découpait, faiblement éclairée par une lueur lointaine.

Et Cady perçut des cris étouffés, un râle, un bruit de chute… et encore un râle, un râle affreux.

Elle sauta à terre, éperdue, et courut au lit de son institutrice qu’elle tâta, sans rencontrer celle-ci.

— Mademoiselle Armande ! cria-t-elle d’une voix altérée.

Elle avait compris que le lit était vide avant que ses mains eussent rencontré les draps ouverts, l’oreiller froissé, déjà froid.

Mais le râle s’éteignit… Elle courut à la porte, en chemise, cria encore :

— Mademoiselle Armande !… Où êtes-vous ?

Des pas précipités retentirent sourdement dans le corridor. Une ombre d’homme s’abattit sur elle, se découpant sur le reflet d’une lampe qui vacillait là- bas.

Deux mains vigoureuses saisirent la fillette,