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— Baby est évanouie… J’ai peur qu’elle soit morte, balbutia Cady qui sentait des vertiges la gagner.

Mme Darquet sursauta à ces paroles inconcevables ; les deux dames poussèrent de petits cris d’étonnement.

— Mais tu es folle ! s’écria la mère avec violence. Où est miss ?… miss n’est donc pas avec Baby !…

Adossée à un grand fauteuil, pâle et frémissante, Cady jeta avec reproche, avec colère, avec désespoir :

— Miss est ivre, comme d’habitude !… Elle est tombée par terre… Miss avait attaché Baby dans une baignoire d’eau froide pour la punir !… Miss a peut-être tué Baby !

Cette fois, Mme Darquet bondit, furieuse, honteuse vis-à-vis de ses amies de ces paroles inqualifiables.

— C’est de la démence. Cette enfant perd la tête ! s’écria-t-elle.

Et, s’adressant aux deux dames :

— Vous m’excusez ? Je suis désolée, mais il faut absolument que je voie moi-même ce qui se passe !… Un instant et je suis à vous ! Il n’y a rien du tout, j’en suis sûre ! Cette enfant a une imagination désordonnée.

Cady avait déjà disparu. C’étaient ses pas qui avaient fait fuir les domestiques.

Noémi Darquet pénétra dans la chambre en tempête, ses beaux traits exprimant toute la mortification, la colère, la rage qu’elle ressentait.

— Voulez-vous m’expliquer ce qui se passe ici ? cria-t-elle d’une voix tonnante, s’adressant à l’An- glaise qui s’était dressée à sa vue, galvanisée par la peur.

— Rien, madame, rien ! affirma la fille, subitement dégrisée.

Mme Darquet courut au lit où Jeanne s’agitait, pourpre à présent, les yeux égarés. L’inquiétude