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Devant la chambre de Baby, dont la porte était entr’ouverte, un ricanement bizarre l’arrêta net.

Cady poussa brusquement la porte et demeura un instant immobile sur le seuil, pétrifiée par le spectacle, qu’elle comprit mal tout d’abord.

Étendue à plat sur le sol, les épaules touchant terre, l’Anglaise, les genoux relevés, ses jupes retombées, découvrant des jambes maigres aux gros os, avait les yeux stupidement fixés au plafond et riait d’une voix de démente.

Auprès d’elle, Jeanne, nue, enfoncée dans l’eau d’une petite baignoire, renversait sa tête livide, tordait son buste et ses bras, solidement maintenue par des cordes.

Les yeux hagards, elle ne pleurait pas, ne criait pas ; elle se débattait seulement, le corps singulière- ment blême, avec des plaques bleuâtres et violacées.

— Baby !… Pourquoi es-tu attachée ?

Puis elle eut un cri de terreur, ses doigts ayant effleuré le corps froid de l’enfant, l’eau glacée de la baignoire.

L’Anglaise cessa de rire et se tourna sur le côté, avec un répugnant hoquet.

Alors, subitement, Cady comprit.

Une punition, une torture inventée par l’Anglaise ivre !…

Rapidement, à coups de ciseaux, elle coupait la corde ; elle saisissait le petit corps grêle, ruisselant, trop lourd pour ses bras, que l’émotion affaiblissait. Elle dut le déposer sur le tapis.

— Maria !… mademoiselle Armande ! Au secours ! appela-t-elle avec détresse.

Ce fut Valentin qui parut d’abord, attiré par l’accent d’angoisse de Cady.

Maria et Clémence survinrent. Il y eut un instant de désordre et d’incompréhension. Cady expliquait mal, bouleversée.