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Il riposta promptement :

— Ça ne l’empêche pas d’être une… !

Cady ne broncha pas devant le mot grossier qui lui était connu, faisant partie du vocabulaire usuel de l’office.

— Et puis après ? dit-elle tranquillement. Ce n’est tout de même pas la même chose que ta mère… Elle a un mari, et elle ne demande pas d’argent aux hommes, ni elle n’en donne non plus.

Georges cracha trois noyaux de cerises et déclara avec conviction :

— Alors, c’est qu’elle est une sale bête sans cœur, et qu’elle est trop vieille ou trop moche pour savoir travailler… sans quoi, elle ferait comme les autres femmes.

Cady se scandalisa.

— Georges ! petit sale !… ne crache pas tes noyaux sur le tapis.

— Où faut-il les envoyer ?

— Dans le fond du divan… Y a pas de danger que Valentin les découvre, il ne brosse jamais les meubles. Donne, je sais comment fourrer la main.

Georges lui passa des débris divers : coques d’amandes, papier plissé, noyaux, miettes.

— Tiens !…

Quand la fillette se redressa, il l’enlaça tendrement et l’embrassa longuement dans le cou.

— Si tu veux, quand nous serons grands, je serai ton Paul… Tu voudras ? dis… Mais dis donc !…

Cady rit, caressant de ses lèvres le visage du petit garçon…

— Merci !… je ne donnerai pas d’argent aux hommes, moi, je t’en réponds, c’est trop bête !

Il répondit naïvement :

— Tu n’en donneras pas aux autres, bien sûr… Mais à moi, si tu m’aimes beaucoup, ça te fera plaisir. Du reste, tu sais, j’en aurai de l’argent à moi.

— Comment cela ?