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avouer qu’on t’a bâillonnée et attachée parce qu’il faudrait parler de quelque chose qui te fait honte et que tu veux cacher ?

Et, apercevant une teinte pourprée qui envahissait le visage de la fillette ; saisissant le soudain éclair douloureux et affolé de son regard :

— Ah ! ah ! j’ai deviné !… Il est venu un misérable qui t’a attachée et qui a abusé de toi !… Et tu mens parce que tu ne veux pas raconter ce qui s’est passé !… Avoue, Cady, avoue !…

Mais, par un effort violent et imprévu, la fillette se libéra de l’étreinte des bras noués autour d’elle.

— Vous dites des bêtises ! cria-t-elle hargneusement. Personne n’est venu !… Personne ne m’a touchée !… J’ai dormi !…

Le magistrat eut un geste de rage et, tout tremblant, il se rassit devant son bureau.

Un silence régna. Tous deux s’observaient muets. Enfin, le jeune homme frappa un coup sec sur la table.

— Écoutez, Cady fit-il. Je ne sais si vous me comprendrez… Mais je pense que oui, parce que vous êtes une jeune fille extraordinairement avancée pour votre âge… J’ai un moyen de savoir si vous avez menti… et je vous avertis que si vous vous refusez à être franche avec moi, je l’emploierai !… Si, comme je le suppose, un homme vous a violentée… un médecin me le dira… un médecin qui vous examinera ! Vous me comprenez, Cady ?…

Mais, comme il achevait de parler, un émoi le saisit.

L’enfant, toute blanche, droite, les yeux élargis par une mystérieuse angoisse, lui jeta un regard de détresse et de souffrance inexprimables.

— C’est inutile !

Son accent était si singulier qu’il tressaillit et se dressa :

— Que voulez-vous dire ?