Page:Pert - La Petite Cady.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son départ pour l’Indochine, Cyprien Darquet arrêta sa fille au moment où elle disparaissait discrètement, accompagnée de son institutrice.

— Reste, Cady.

Le cœur tressautant, car elle devinait qu’il serait question du piano, la fillette s’immobilisa. Mlle Armande hésita sur le seuil ; puis, comme aucune invitation pour elle ne suivait, elle acheva de sortir, rouge et vexée.

Le député attira sa fille qui approchait à petits pas, les yeux brillants et interrogateurs.

— Dis-moi, tu étudies toujours le piano ?

— Oui, papa.

— Cela t’amuse ?

— Oh ! oui, s’écria l’enfant ardemment.

— Cela te ferait plaisir d’avoir un instrument chez toi ?

La réalisation de son rêve, de l’espoir qui l’avait bouleversée pendant toute la journée suffoqua la fillette, qui ne répondit que par un balbutiement inintelligible.

Mme Darquet abandonna sa conversation avec Laumière pour jeter d’un air alarmé :

— Vous êtes fou, Cyprien ?… Vous savez bien que je ne puis supporter les études de piano !

— Aussi, répliqua M. Darquet, s’agit-il de placer un piano chez Cady. Son appartement est suffisamment séparé des nôtres pour que le bruit ne vous gêne pas.

Mme Darquet insista, contrariée.

— Cela n’est pas sûr !… Les domestiques sont si négligents… Les portes de communication ne sont que trop souvent ouvertes. D’ailleurs, Cady est une élève déplorable et des leçons au dehors, constamment surveillées, lui sont infiniment plus profitables.

Malgré l’indignation, la révolte et la douleur bouillonnant en elle, Cady se taisait sans une objec-