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— C’est-à-dire que, je ne sais à propos de quoi, j’ai dit à votre père combien vous aviez du talent pour votre âge, et quel chagrin c’était pour vous de ne pouvoir travailler que chez votre professeur, puisque votre maman ne vous permet pas de jouer sur le piano du salon. Alors, comme probablement il était très content à ce moment-là, il s’est écrié : « Eh bien ! je vais lui en payer un, à ma petite fille, elle l’aura chez elle, et tapera dessus à sa fantaisie ! »

Jetant alors les yeux sur la physionomie ambiguë de Cady, l’institutrice ajouta, d’un accent dépité :

— Vous pourriez me dire merci !

La fillette tressaillit et prononça du bout des lèvres :

— Je vous remercie.

— Quel ton !… Quelle enfant désagréable vous faites !… Si j’avais su, je vous réponds que je n’aurais pas pris cette peine !

Un éclair de colère étincela dans le regard de Cady. Elle fit un grand geste et cria d’une voix stridente :

— Faut-il aussi que je vous remercie parce que vous couchez avec papa ?

Mlle Armande, cramoisie, furibonde, s’élança vers elle, menaçante.

— Petit monstre !… Petite grossière !… Petite menteuse !…

La porte du cabinet de toilette se ferma à un doigt de son nez et l’on entendit Cady se verrouiller sauvagement à l’intérieur.

Mlle Armande revint se jeter dans le fauteuil, haletante.

— Ah ! Dieu ! faut-il en supporter ! gémit-elle, en frappant furieusement ses talons sur le sol.

Après le dîner tout intime, où assistaient seulement Listonnet et Malifer, les deux secrétaires politiques du député, le peintre Jacques Laumière et Maurice Deber, le fonctionnaire colonial à la veille