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est-elle ? De quoi qu’elle s’occupe, pendant que vous vadrouillez avec le tiers et le quart ?

Cady se renversa sur sa chaise avec un petit rire contraint.

— Ma mère ?… Est-ce que je sais, moi, ce qu’elle fait ?… Je ne la vois pas souvent, allez !… Probable que je l’embête.

Il laissa rudement tomber son poing sur la table dont les verres et les bouteilles s’entrechoquèrent bruyamment.

— Misère !… Voilà comment sont les bourgeois ! Ils méprisent le peuple… Et, à côté de ça, ils flanquent leurs enfants à élever à ce qu’il y a de moins propre !… Tout cela pour ne pas se donner la peine de les éduquer eux-mêmes… Flemme et compagnie, c’est ça le grand monde !

Il saisit une bouteille, emplit un verre qu’il vida d’un trait. Puis il reprit :

— Moi, je suis un garçon sérieux, et c’est pas parce que vous me voyez chez des poupées que je m’oublie pour ça. Ça ne serait pas malin, voyez-vous, et un type qui tient à sa peau et qui n’a pas envie d’aller crever pourri à l’hôpital, y se garde de ces fumelles, je vous en fous mon billet !…

Il but encore, et regardant Cady qui l’écoutait en silence avec intérêt, les yeux attachés sur lui, il haussa les épaules, fronça les sourcils et, avec un effort, rappela ses pensées vagabondes.

— Qu’est-ce que je vous raconte ? ce n’est pas ça que je voulais vous dire… Voyez-vous, faudrait pas vous familiariser avec du monde que vos parents ne connaissent pas… Oui, il y a longtemps que ça me démange de vous parler, parce que vous êtes une gentille demoiselle et une bonne fille… et que ça me retourne de penser qu’un jour ou l’autre il vous arrivera malheur dans ces fréquentations.

Il désigna le petit Georges, toujours étendu sur la table, dormant profondément.