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rien vu, rien senti, rien entendu… Je ne me suis ré- veillée qu’au matin…

Elle s’arrêta. Renaudin jeta vivement :

— Eh bien ! continuez !…

Elle poursuivit, détournant son regard, mais tou- jours d’une voix nette :

— Alors, j’ai vu que Mlle Armande n’était pas dans son lit… Je me suis levée, j’ai ouvert la porte de l’antichambre… Je l’ai aperçue tombée à terre… Je l’ai appelée… elle ne m’a pas répondu.

Elle s’arrêta de nouveau. Le juge l’encourages.

— Allez, allez !…

Sous ses doigts, il sentait frémir et se crisper la main frêle de la jeune fille.

Elle reprit courageusement :

— J’ai couru à elle… Je l’ai soulevée… J’ai vu qu’elle était morte… étranglée… Et vous n’avez pas crié ? appelé ?

— J’ai crié, mais pas bien haut.

— Pourquoi ?

— Je savais que personne n’entendrait… qu’il faudrait aller chercher les domestiques au sixième… et j’ai voulu la soigner d’abord…

— Qu’avez-vous fait ?

Le frémissement de la petite main augmentait.

L’épiderme devenait moite.

— J’ai coupé la corde avec des ciseaux… J’ai essayé de la faire boire…

Elle se tut avec une contraction pénible de tout son joli visage, au rappel de la scène atroce.

Renaudin poursuivit pour elle :

— Puis, m’avez-vous déjà déclaré, voyant que Mlle Lavernière ne revenait pas à elle, vous vous êtes décidée à appeler du secours. Vous êtes montée chercher le valet et la femme de chambre.

— Oui.

— Quelle heure était-il ?

— Huit heures.