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Cady adorait l’exotisme ; moins pour son pittoresque et son imprévu que par une raison obscure de mystérieuse volupté émanant des races primitives et ardentes — quasi bestiales — qui grisait son imagination et faisait tressaillir les fibres profondes de son petit être surexcité par son milieu, sa vie, ses pensées, et qui vibrait sans trêve, sans choix, à toutes les ondes passionnelles rencontrées sur son chemin.

Et quelque chose d’indicible créait immédiatement entre elle et n’importe quelle peau noire une communion sympathique, une confraternité tendre, mêlée d’admiration réciproque.

Cady, enfiévrée, ravie, galopait à travers le village, jetant les sous à poignée aux enfants et aux négresses, ardente à recueillir les naïfs témoignages d’admiration qu’elle provoquait chez les mâles adultes.

Enfin, un indigène la captiva plus particulièrement.

Assis, solitaire, dans une case ouverte, il travaillait avec indolence, mais sans distraction, à des bijoux frustes, bien que d’un art vraiment original. Il les fabriquait à l’aide de procédés on ne peut plus primitifs et d’outils grossiers dont il se servait à la fois avec ses mains et ses pieds agiles.

Auprès de lui, dans un trou creusé à même le sol, brûlait un feu où mijotait on ne sait quelle préparation au fond d’une minuscule marmite. Il en activait parfois la combustion en manœuvrant un soufflet en cuir encore revêtu de poils de vache.

Deux pinces, un marteau, une lime, une enclume faite d’un bloc de fer informe, c’était tout ce dont disposait l’ouvrier bijoutier qui tordait de l’argent ou du cuivre, sertissait des pierres de couleur et formait des bracelets, des agrafes, des bagues, des coffrets tout à fait dignes de l’intérêt d’un artiste.

Demi-accroupi, demi-allongé, il paraissait très