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renoncent à l’asservir !… Ne sois jamais pareille à ces disgracieuses péronnelles, Cady !… Ne deviens pas une femme supérieure. Tu as le bonheur d’être fille… Tu promets même d’être une jolie fille… Aspire à ne devenir qu’une femme, qu’une très jolie femme !…

Et, mélangeant les prescriptions morales à celles qui touchent à l’hygiène de la beauté, il recommandait :

— Soigne ta peau… C’est le satiné, la fermeté, la fraîcheur savoureuse de l’épiderme qui rend irrésistibles tant de femmes à peine jolies… Est-ce qu’il ne vaut pas mieux consacrer des heures à sa toilette, aux mille soins intimes de son corps — un trésor sans pareil, vois-tu, que le corps féminin — que de s’occuper de politique, de piocher les sciences, le droit, la médecine, même les arts ?…

Mlle Armande, choquée dans son féminisme universitaire et roturier, insinua :

— Cependant, monsieur, la femme intelligente ne saurait borner son horizon à son cabinet de toilette, ni repousser tout autre savoir que celui des attitudes et de la coquetterie.

Le Moël la regarda de travers, ripostant avec feu :

— Hé ! mademoiselle, croyez-vous que ce soit une petite science que celle de la coquetterie, et un art médiocre que celui des attitudes ?… Les attitudes !… Mesurez-vous la profondeur de ce mot ?… C’est la clef du mystère de la passion, du désir que la femme déchaîne à sa volonté chez l’homme !… Ton attitude, Cady, si tu veux être séduisante et séductrice, il te faudra l’étudier, la varier, la recréer cent fois le jour… Quelque sentiment que tu veuilles exprimer, ce ne sera point à l’aide de pensées et de phrases, mais par ton attitude… Car, sache-le bien, ce n’est pas l’âme que l’homme regarde et aime dans la femme, c’est sa divine silhouette !…

Cady hochait la tête avec un sourire énigmatique,

— Oui, oui, conclut-elle, je sais que pour plaire.