Page:Pert - La Petite Cady.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA PETITE CADY


Le mardi qui suivit le jour du crime, Mme Darquet, la femme de Cyprien Darquet, le député de la Sambre, pénétra dans le cabinet du juge d’instruction, leur ami, Victor Renaudin, suivie de sa fillette Cady. Le jeune magistrat, qui devait son poste de juge suppléant à l’active protection du député, s’empressa au-devant de la femme influente, s’excusant d’un air navré :

— Je suis désolé de vous déranger ainsi, ma- dame !…

Mme Darquet fit un geste de condescendance, en s’asseyant dans le fauteuil poussé devant elle.

— C’est bien naturel !… Seulement, notre témoignage aura peu de valeur, car moi, vous savez que j’ignore tout ; et rien ne peut vaincre le mutisme stupide de ma fille.

Renaudin, s’emparant de la main de la fillette, l’attira sur une chaise, près de lui.

— Voyons, Cady, avec un ami comme moi, tu ne t’entêteras pas ?… Tu comprends bien qu’il faut me raconter tout ce que tu as vu, tout ce qui s’est passé…

Très grande pour ses douze ans, svelte, le teint mat et pâle, l’ovale du visage élégamment allongé avec de grands yeux gris clair énigmatiques, la bouche crispée par une émotion énergiquement refoulée, l’enfant répondit d’une voix calme :

— Mais, monsieur Renaudin, je vous ai toujours dit tout ce que je savais… Je ne peux pas inventer.

D’un geste, le juge réprima la phrase colère qui