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est mort, il y a onze ans, j’avais alors un an…

Et, ne pouvant se soustraire à sa hantise, elle prit une glace à main et s’examina de profil, la tête penchée, dans l’attitude du jeune homme qui lisait. Mais, à présent, le souvenir de l’autre s’estompait, lui échappait, elle ne savait plus si la ressemblance qui, naguère l’avait frappée, existait réellement.

Une idée subite la traversa.

— Mathurine a dû le connaître, je vais lui écrire et la questionner.

Elle courut à la table, où elle disposa du papier et une enveloppe.

— Que faites-vous, Cady ? demanda Mlle Armande.

— J’écris à ma nourrice, répondit la fillette brièvement.

— Tiens… Vous auriez pu le faire plus tôt, remarqua l’institutrice. Cette pauvre bonne femme doit vous juger bien oublieuse et ingrate.

Cady, déjà toute à sa missive, ne l’écoutait pas.

Du reste, son questionnaire ne devait avoir aucun résultat. Soit que Mathurine redoutât de remuer de vieilles histoires, ou qu’elle fût médiocrement experte en l’art d’écrire ; soit enfin qu’elle fût déjà trop atteinte par l’affection qui l’emporta trois mois plus tard, jamais en fait Cady ne reçut de réponse.

Elle ne revit pas la brave femme, et ne l’entendit point raconter ce qu’elle pouvait savoir du jeune Wochlin et des raisons de son suicide.


XV

Mlle Armande sursauta dans son lit, en un réveil plein d’indicible alarme.

— Mon Dieu ! qu’est-ce que c’est ? balbutia-t-elle éperdue.