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paraissait à peine adolescent c’était son propre portrait à elle, une Cady travestie en homme.

Dans la voiture, vu de face, son chapeau melon rejeté en arrière, la ressemblance persistait, bien que moins frappante.

Oui, c’était sûrement son frère !

Elle ne réfléchissait point aux mille improbabilités de cette supposition sans aucun fondement, aux âges respectifs de ce jeune homme et de sa mère, aux impossibilités matérielles…

Et son avidité de percer ce mystère dont elle se persuadait l’existence autour de ces images conservées au fond du vieux petit porte-cartes usé fut plus forte que sa timidité et son habituelle circonspection.

Les photographies à la main, elle sauta sur ses pieds et se dirigea vers sa mère, résolument.

— Maman, dites-moi, je vous prie, qui sont ces gens, avec vous ?

Mme Darquet se détacha de sa lecture avec ennui et distraction. Elle jeta un regard indifférent sur les papiers que Cady lui tendait.

Puis, une ombre passa sur ses traits. Elle demanda avec étonnement :

— Où as-tu trouvé cela ?

La fillette montra le porte-cartes.

— Ici, dans la pochette.

Mme Darquet ferma lentement sa brochure.

— Donne.

Et, le visage impassible, les paupières baissées sur son regard, elle examina longuement, l’un après l’autre, ces petits tableaux d’un passé où, indéniablement, elle avait joué un rôle. Passé, qui surgissait inopinément, car elle ne se souvenait pas d’avoir conservé ces médiocres épreuves d’amateur…

Cady l’étudiait avidement, sans pouvoir démêler aucune émotion sur ce visage de marbre.

— Qui est-ce ? questionna-t-elle ardemment.