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lette, déjà énamourée de gemmes précieuses et de coûteuses parures.

Assise devant le tablier abaissé du meuble, que Mme Darquet leur abandonnait avec la sécurité de la femme qui n’a plus de secrets, Cady faisait en silence l’inventaire curieux et minutieux des petits tiroirs intérieurs.

Les bijoux qui ravissaient sa sœur ne l’intéressaient pas ; toute l’attention avide de son esprit et de son cœur allait vers le mystère intime que représentait une multitude de petits objets rassemblés par la main de sa mère et sans valeur autre que celle du souvenir qu’évidemment chacun matérialisait.

C’étaient ces menues épaves du passé, des disparus, de l’enfance, de la jeunesse, que toute femme, même la moins sentimentale, conserve près d’elle, hiéroglyphes indéchiffrables pour autrui, clairs pour elle-même, et dont la vue fait lever mille fantômes lorsque, à de rares jours de désœuvrement et de mélancolie, elle les exhume et les contemple.

Attentive à respecter l’ordre du rangement, Cady vidait chaque tiroir, puis y replaçait tous les objets successivement, après les avoir maniés, retournés, examinés, comme pour leur arracher le secret qui les liait à la femme dont le cœur était aussi inconnu de sa fille que ces bibelots.

Ici, des lunettes, une tabatière d’argent, un dé d’ivoire cerclé d’or, un éventail de corne blonde incrustée de turquoises ; une minuscule croix de Sainte-Hélène liée par une chaînette d’or à une croix de la Légion d’honneur parlaient d’aïeuls ignorés. Là, c’étaient des portraits de femmes aux coiffures démodées en des médaillons d’or et d’émail ; des boucles d’oreilles brisées, une boucle de ceinture attachée à un ruban fané attestant une taille d’une remarquable minceur ; un carnet de bal aux feuillets d’ivoire encore maculés de noms de danseurs griffonnés au crayon ; de ces petits bracelets, de ces