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Dehors, Cady prit son bras en jetant un regard satisfait autour d’elle.

— J’aime bien Paris, le soir…

L’air était calme, le ciel obscur et la vive clarté provenant des magasins et des cafés qui enveloppait la foule des promeneurs sur le trottoir ne franchissait pas le premier étage : c’était comme la coulée d’un fleuve lumineux encaissé entre de hautes berges sombres.

Les deux jeunes filles dépassèrent la lourde masse ténébreuse de la Madeleine, s’arrêtèrent un instant aux étalages coquets brillamment illuminés des Trois-Quartiers et s’engagèrent dans la rue Duphot.

Tout de suite elles se trouvèrent en face des devantures voilées de linon et de guipures de la maison de thé.

Au moment où elles allaient entrer, une femme sortit de la porte cochère précédente, regarda vaguement de leur côté, sans les apercevoir, et vira, regagnant le boulevard.

Cady arracha brusquement son bras de dessous celui de Mlle Armande.

— Ça, par exemple, c’est drôle ! s’écria-t-elle. Vous l’avez reconnue ?

Mlle Lavernière hésita.

— C’est-à-dire, il me semble bien…

— Pardi, c’est Mme Garnier, le cornac de mes cousines Serveroy !… Que diable fait-elle dans cette maison ?

Et Cady examina soupçonneusement le porche sombre. De chaque côté de l’entrée étaient appendues des plaques commerciales appartenant à une couturière, une modiste, une agence de contentieux.

La jeune fille revint désappointée.

— Entrons.

Dans la salle aux tentures vertes encadrées d’acajou, éclairée par des guirlandes de fleurs électriques, la musique assez bruyante couvrait à peine le