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galerie surplombante dominaient la salle du rez-de-chaussée, tels que des loges de théâtre, que l’on pouvait clore en baissant les stores.

Trois de ces cabinets étaient occupés et de derrière les frêles cloisons venaient parfois des rires féminins, des éclats de voix bruyants.

— On s’amuse là-haut ! dit Cady en levant la tête.

Juste à ce moment, deux stores se levaient, et un homme et une femme se penchèrent en riant, examinant la salle en bas.

Mlle Lavernière ébaucha un cri de surprise.

— Mais, cette dame, c’est…

Elle se tut, son pied écrasé sous celui de Cady. D’ailleurs, M. Darquet souriait, sans l’entendre.

— Tiens, mais c’est Draven ! fit-il à mi-voix.

L’homme était, en effet, le diplomate norvégien son ami. Quant à la femme, Mlle Armande ne pouvait s’y tromper : ces cheveux blonds, ce délicieux ovale de vierge de Raphaël appartenaient à la dame du Palais de Glace, à la mère du petit Georges.

Et voici que, suivant les regards de Cady impassible, elle apercevait à une table proche le jeune homme maquillé et teint, à l’œil poché, en compagnie de deux individus cuivrés, à la chevelure aile de corbeau, aux diamants étincelants piqués à la cravate et encerclant les doigts.

On avait apporté le service à thé, d’argenterie reluisante, et, pendant que Cady servait avec adresse, déjà experte, un maître d’hôtel solennel faisait flamber du rhum sur des crêpes minuscules dans une poêle de nickel à réchaud d’alcool la spécialité de la maison.

— C’est très mauvais, déclarait Cady, mais c’est amusant à voir brûler… Chaque fois, je crois que le garçon aura le nez roussi.

— Là-haut Draven et la jeune femme avaient disparu ; l’on referma les stores ; de nouveau des rires éclataient.