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Mlle Armande promena autour d’elle un regard déçu.

— Le fait est que j’aurais cru le public plus élégant ici !

Le député s’esclaffa :

— Mais, ma chère, c’est dimanche, aujourd’hui, ne l’oubliez pas ! On vient casser la croûte !…

Et, clignant de l’œil, il désignait un ménage qui se faisait servir un pain, du gruyère et du vin blanc.

Justement, un individu cocasse, tête blafarde, moustaches jaunes hérissées, se penchait, très intimidé, devant Cady, que magnifiaient sa pelisse de loutre et son large chapeau.

— Madame, balbutia-t-il, voulez-vous me permettre de prendre cette chaise libre ?…

Mais, retrouvant tout à coup sa drôlerie primesautière habituelle, Cady protesta, d’une voix pointue de douairière revêche :

— Du tout, monsieur !… C’est la chaise de mon mari !…

L’homme s’éclipsa, effaré, avec force excuses.

Darquet se renversa sur son siège pour mieux rire.

— Ah ! mauvais petit microbe, va !

Cady redevenait morose.

— Partons, papa. On s’embête ici. Allons au thé de la rue Royale.

Il acquiesça.

— C’est cela, faisons l’éducation parisienne de Mlle Lavernière.

Un taxi-auto les emporta de nouveau.

Cette fois, dans l’ombre de cette fin de journée d’hiver qui tombait rapidement, Cady n’essaya plus d’entraver les mystérieux rapprochements qui s’effectuaient soi-disant à son insu.

Elle parlait, égrenait une folle suite de mots, pour s’étourdir et ne plus penser.

Les autres riaient de ses propos saugrenus. Ils