Page:Pert - La Petite Cady.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

il ne s’agit pas de laisser triompher certaines influences qui feraient tomber l’œuvre entre les mains de nos adversaires politiques, qui s’en feraient une arme…

Renaudin acheva en souriant :

— Qu’il vaut mieux garder entre les vôtres ?

— Vous croyez plaisanter, mon cher, mais rien n’est plus vrai. Tout se tient dans la machine sociale.

Cady le tirait par le bras.

— Papa, je meurs de faim !… Allons prendre du chocolat au restaurant de la Cascade !…

— Venez-vous avec nous, Renaudin ? proposa Darquet.

Le jeune homme s’excusa.

— Je vous remercie ; j’ai du travail, et je rentre chez moi au plus vite.

Dans la rotonde du café, comble de consommateurs, Cady, agile et pleine d’aisance, devança un couple qui se dirigeait vers l’unique table libre et se carra, le coude sur la nappe.

— Trois chocolats et des biscuits ! jeta-t-elle au garçon qui souriait.

Mlle Armande s’assit, intimidée.

— Que de monde !

L’orchestre, en veste rouge, attaquait une valse bruyamment, et sans cesse de nouveaux arrivants entraient, venant du Bois, ou déposés par des taxis-autos ou des fiacres.

Darquet repoussa son chocolat.

— Enlevez ça !… Un porto.

Cady voulut s’interposer.

— Oh ! papa, tu ne vas pas encore boire de ces saletés !

Mais, fronçant les sourcils, le député la pria rude- ment de se taire.

— Tu deviens impossible ! s’écria-t-il sèchement.

Puis il se remit à causer en riant avec Mlle Armande.

Cady demeura interdite. C’était la première fois que Darquet la traitait avec cette dureté… Ah !