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père qui remontait sur la jaquette de velours et s’appuyait sournoisement.

— Naturel, ça vous plaît à dire ! maugréa-t-elle entre ses dents. Mais, on va loin, avec la nature !

Le député, appuyé au fond de la voiture, se penchait vers l’institutrice.

— Vous ne m’en voulez pas, dites, mon enfant ?…

Cady se renversa brusquement, écrasant son père.

— C’est entendu !… Vous attendrissez pas… Autrement, faudrait vous embrasser pour signer le raccommodement !…

Sa voix était sèche. Elle avait bien prévu que son père ferait la cour à Mlle Lavernière, mais non pas avec cette promptitude et cette brutalité.

— Pardi, il a bu ! murmura-t-elle avec un âpre regard investigateur sur la face congestionnée du député à la lèvre gonflée, aux yeux voilés par une luxure soudaine, succédant à l’intoxication du déjeuner d’hommes, aux conversations pimentées, arrosées d’alcools divers.

Cady pensa avec dédain :

« Faut le faire marcher au grand air… ou bien il deviendra dégoûtant !… »

Et, sans prendre d’autre avis, elle fit arrêter l’auto.

— Ça va bien, on descend ici ! Papa, mademoiselle, grouillez-vous ! On va marcher, tels des zèbres !

M. Darquet sauta lourdement sur le sol.

— Ma foi, tu as raison. Cady, il fait bon dehors !…

Le soleil bas luisait doucement, envoyant une buée lumineuse au travers de la forêt dépouillée, aux branches grêles et tourmentées. Pas un brin de verdure ne surgissait du sol gris, couvert de la litière des feuilles desséchées ou de buissons de ronces rousses et flétries.

L’air était tiède et surprenait, enveloppant un paysage aussi franchement hivernal.

— J’ai chaud ! s’écria Cady en ouvrant sa pelisse.

Mlle Armande proposa, complaisante :