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— Je t’aime bien, mon gros !…

— Oui, ma mignonne, mais laisse-moi parler…

Cady s’empara de la main de son père et la mordit de ses dents aiguës :

— Non, c’est pas urgent… Tu troubles mes rêves !… C’est si bon de se laisser emporter sur les ailes du vent et les cheveux d’or de la chimère !…

M. Darquet éclata d’un rire épais, auquel Mlle Armande fit écho par politesse, pestant en secret contre la petite, qui ne lui permettait pas de déployer les charmes de sa conversation.

— Où as-tu appris un charabia pareil ? dit-il.

Et, recommençant :

— Oui, mademoiselle Lavernière, je suis socialiste de cœur, de principes, mais je ne puis m’empêcher de déplorer que les classes ouvrières n’aperçoivent pas le bonheur et la noblesse de leur état, qu’elles ne songent qu’à pousser leurs enfants jusqu’à des situations dont ils ne savent point envisager la précarité et les amers déboires…

Mlle Armande acquiesça, un peu gênée.

— En effet, c’est une folie ambitieuse trop générale.

Cady prit un air navré.

— Là !… Je pensais bien que tu ferais la gaffe !… Voyons, papa, tu sors toutes tes grâces pour épater Mlle Armande, et qu’est-ce que tu vas lui raconter ?… Sa propre histoire en la débinant !… Pardi, elle aussi c’est une fille de paysans, dont les parents ont fait une demoiselle !… Tu vois bien que tu aurais mieux fait de te taire !…

M. Darquet eut un geste désolé.

— Oh ! ma chère demoiselle, croyez bien que je n’avais pas l’intention de vous blesser !…

Mlle Lavernière, très rouge, balbutia :

— Mais, monsieur, je le pense bien… C’est tout naturel…

Du coin de l’œil, Cady dépista la main de son