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chie fiche le camp !… Et puis, il manque encore quelque chose… Tenez, avec ceci, vous voilà jolie comme un cœur !… un cœur de veau, de mouton, de rat, de cigogne, de petite grue jolie à se mettre à genoux devant !…

Et elle agrafait sous le menton de l’institutrice une de ses cravates en fourrure noire.

— Non, mais, regardez-vous !… Vous êtes tout à fait bien ! s’écria-t-elle enchantée.

Mlle Armande sourit, malgré elle, à l’image que lui renvoyait la glace, n’objectant plus que pour la forme :

— Mais je ne puis prendre les gants de votre mère… Je vais en acheter de pareils.

Cady jeta :

— Tu parles !… Ça coûte soixante francs, des enveloppes comme ça !…

— Eh bien ! justement, je ne puis…

Cady haussa les épaules.

Elle ne s’en apercevra seulement pas ! Elle en a des douzaines… Je lui chipe bien d’autres choses !… Et puis, tenez, ces gants-là, je crois bien qu’ils étaient mis de côté pour être jetés… Ils ont une égratignure, là, sur le pouce droit… Et, enfin, quoi, si ça vous écorche le gosier, on les remettra ce soir !

Mlle Armande céda.

— C’est cela, vous irez les reporter… Aujourd’hui, les magasins sont fermés, et je ne voudrais pas faire honte à M. Darquet.

Cady, enchantée de cette concession hypocrite, se mit à exécuter une danse folle, autour de son institutrice.

— T’as raison, mon ange ! hurlait-elle. Faut jamais faire rougir un homme d’âge !… Ça porte point chance !…

— Mon Dieu, Cady, où prenez-vous tout ce que vous dites ? s’exclama l’autre, complètement effarée.