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— Vous avez fait une bonne séance ? demanda Mlle Armande banalement.

— Mais oui, répondit le peintre, les yeux attachés sur cette enfant énigmatique, en ce moment franchement, sincèrement gamine, disant des niaiseries avec des singeries impayables, et qu’il avait, naguère, cru sentir, contre lui, si mystérieusement femme et si prématurément raffinée.


XII

Comme Cady le prévoyait, M. Cyprien Darquet annonça que si Mlle Lavernière n’avait rien de mieux à faire ce dimanche-là, il l’emmènerait volontiers promener avec sa fille. Il déjeunait en ville et viendrait prendre les jeunes filles vers trois heures.

Après d’interminables jours brumeux et froids, le temps se montrait justement clair : l’air était doux.

Cady, ayant constaté à la fenêtre ouverte l’état engageant du ciel, ravie, se mit à danser, les cheveux envolés, tournant sur elle-même, « faisant le derviche » pour sentir dans un vertige la douceur des mèches de sa chevelure la fouetter au visage. Cady ! finissez, vous vous ferez mal ! implora Mlle Armande écœurée.

La fillette, les yeux fous, toute pâle, les narines pincées, se laissa tomber sur leur unique fauteuil.

— Écoutez, mademoiselle !… Quand je sors avec papa, c’est moi qui commande !… Aujourd’hui, je décrète que nous irons au Bois, tout là-bas, où c’est presque la campagne !… Et on marchera dans les feuilles pourries, qui sentent bon le bois pourri et la fougère écrasée.

— En effet, avec ce beau temps, ce sera charmant.