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Il avoua son oubli, et courut le réparer.

Quand il rentra, Suzanne s’était retournée dans le lit ; il n’apercevait plus d’elle qu’une ligue à peine onduleuse sous le couvre-pied de satin rose, et la masse de sa chevelure blonde, encore nouée sur sa tête, car elle avait omis de se coiffer pour la nuit.

Robert se déshabilla machinalement et s’étendit, avec la singulière sensation de prendre place dans une couche étrangère, auprès d’un être inconnu et indifférent.

Puis, soudain, il eut un brusque sursaut ; un flot de pitié et de terreur l’inonda… Il avait aperçu soudain le visage torturé de sa compagne, les deux grosses larmes débordant de ses paupières baissées et ruisselant jusqu’au coin crispé de cette petite bouche rentrée, tordue, dont les lèvres décolorées, déjà gercées par la fièvre, se serraient désespérément, retenant le cri de détresse montant de sa gorge…

— Oh ! Suzanne ! s’écria-t-il, déchiré par la torture de cette enfant.

Cette fois, elle fut vaincue ; et, se redressant dans une sorte de convulsion, elle jeta ses bras autour du cou de son mari, en une clameur balbutiée, incohérente, où ses affres et sa souffrance s’exhalaient éperdûment.

— Ah ! Robert, c’est affreux !… Je ne peux plus supporter… Oh ! cela me brûle !… J’aime mieux mourir, cent fois mourir tout de suite !… Oh ! les bourreaux qui ont inventé cela !… Cette femme, et l’autre, ton ami le médecin !.. le misérable !… Robert, je t’en supplie, délivre-moi… je n’en peux plus, je te dis !…

Elle se débattait entre les bras de Robert démoralisé, qui n’osait ni la lâcher ni resserrer une étreinte qui blessait son corps meurtri…

Non seulement la laminaire impitoyable développant son ruban desséché labourait sa chair, distendait cruelle-