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— Qu’y a-t-il ? fit-il, la voix brève.

La porte de la chambre de Suzanne s’était ouverte.

Dans l’embrasure éclairée, la silhouette noire de Sacha Ouloff se profilait.

Elle dit, d’une voix mesurée, basse et nette qui tranchait singulièrement avec la vibrance un peu désordonnée des voix des deux hommes reconquis par leurs projets d’avenir.

— Monsieur Castély… venez.

Éperdu, entrevoyant mille vagues et tragiques incidents, Robert allait s’élancer.

Mais, du fond de la pièce, une voix s’éleva, faible extrêmement, et d’une douloureuse résignation.

— Non !… c’est inutile… Je veux bien.

Mademoiselle Ouloff arrêta le mari du geste.

— Chut !… Restez !…

Et elle referma aussitôt la porte.

Un instant de silence pesa. Un malaise obsédait obscurément les deux hommes.

Enfin, Julien Dolle reprit, mais, à voix basse, pleine de réserve :

— Voici ce qu’est l’affaire… Tu sais que tous les mondes se réunissent aux vendredis de madame Galletier, noblesse de l’Empire, égarés du vieux faubourg, financiers, artistes, tripoteurs, rastas, millionnaires, personnages douteux, femmes de tout genre… Tu sais aussi qu’après avoir brûlé pour toi d’une passion folle à laquelle tu t’es dérobé, les flammes de la dame sont retombées sur moi…

— Je me suis toujours demandé comment tu avais pu rester en bons termes avec elle… tout en ne marchant pas…

Julien eut un sourire ambigu.

— D’abord, qui te dit que je n’ai pas marché ?