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de la Russe aux phalanges noueuses et prodigieusement fortes.

— Suzanne nous attend ? demanda aussitôt le docteur d’un ton d’interrogation significative.

Au fond, il craignait qu’au dernier moment la résolution des deux époux ne faiblît ; et ceci l’irritait ; il mettait un orgueil à faire appliquer les théories qu’il soutenait.

Oui, oui, balbutia Robert.

Il fit entrer le couple dans le salon. Julien eut une exclamation désapprobative :

— Comment ! elle n’est pas couchée ?… Mais il faut qu’elle soit au lit !…

Pâle comme une morte, agitée d’un tremblement qui la secouait tout entière, Suzanne tenta de se lever pour recevoir les survenants, et retomba sur son siège, sans force, ses yeux attachés sur Sacha Ouloff avec égarement.

Robert supplia, bas :

— Ménage-la, Julien, elle est tellement émue…

Le docteur tombait des nues.

— Mais enfin, c’est inconcevable !… Voyons, Suzanne, regardez-moi !… Que diable imaginez-vous ?… Nous prenez-vous pour des assassins ? Allons, tâchez d’être vous-même, une gentille petite femme sensée, raisonnable, et écoutez-moi… Vous voyez Sacha Ouloff ?… Vous la voyez bien !… Mais non, vous ne la regardez pas… Regardez-la…

Sous l’influence de cet abord familier, habituel, où ne sonnait aucune émotion, qui raillait même discrètement, quelques couleurs revenaient aux joues de Suzanne, ses regards perdaient de leur affolement. Par un effort violent, elle parvint à refouler en elle son irrésistible panique de la première minute.