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peigne en hémicycle, fait d’écaille mouchetée, si transparente, si brillante que la lumière y allumait des feux comme si des diamants l’eussent constellée.

D’un pas lent, rythmé inconsciemment par la valse lente et sensuelle que modulaient les violons et la harpe des vestes rouges, là-bas, Mady dominant toute cette foule assise de sa haute taille svelte, avançait dans l’étroit espace libre, le visage impassible, examinant chacun des groupes. Assez vite elle aperçut la camarade qu’elle cherchait, la ronde, blonde, rose, mignonne Yvette Lamy, une fillette sans aucun talent, mais dont la beauté fraîche conquérait aisément l’indulgence du public et faisait les délices de la critique. Si elle n’avait eu un cœur d’une émotivité déplorable, et obéi sans cesse à de saugrenus coups de passion pour des cabots infimes, des journalistes de dernière catégorie, voire même des calicots en rupture de magasin, elle eût déjà brillé à côté de tant d’autres comédiennes auxquelles leur chair appétissante, leurs jolies dents, leurs yeux fripons ou langoureux servent de dons dramatiques. Mais, jusqu’ici, elle avait passé étourdiment à côté des occasions que la vie parisienne lui avait offertes. Elle n’appartenait à aucun théâtre et n’avait point de protecteur sérieux, jouant et aimant au hasard des jours et des nuits.

Elle accueillit Mady avec un geste empressé et un sourire un peu intimidé. Sa camarade, si supérieure à elle-même, lui en imposait.

Elles échangeaient des propos rapides à voix basse, tout en s’installant. Robert Castély monté au premier, ne les perdait pas de vue, suffisamment dissimulé par la balustrade et un palmier placé au coin du balcon.

Bientôt, un des hommes noirs vêtu de blanc apporta, sur un plateau, le minuscule service de faïence verte contenant le thé, le déposa avec précaution sur la table de