Page:Pert - L Autel.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

ressant de me voir deux fois dans la soirée, interprétant cette Magdeleine et la vôtre… Car elle s’appelle aussi Magdeleine, votre chère bonne femme, comme moi !…

— Parce que vous, corrigea Robert. C’est tellement vous, votre nature, ce type de ma pièce.

Le regard perdu au dehors, la jeune fille eut un petit sourire, demi amer, demi moqueur.

— Ou, du moins, la femme que vous apercevez en moi… Vous vous trompez peut-être, cher ami !

Perverse, névrosée, compliquée, elle l’était si peu, en réalité, malgré sa menteuse silhouette !

Il répliqua vivement, avec un égoïsme candide :

— Qu’importe, du moment que je vous suppose ainsi, et que cette illusion m’a permis de bâtir un caractère curieux, que vous rendrez admirablement !…

Elle déblaya rapidement — parce que la voiture tournait le coin de la rue Vignon et s’arrêtait devant l’établissement de thé, aux larges vitres voilées de discrètes mousselines vert-pâle incrustées de guipûre :

— Je veux que la pièce d’ouverture soit la vôtre, accompagnant le drame La Boustière et cela, avant un mois, vous entendez !… Et, vous verrez si à nous tous, nous saurons mobiliser la critique et organiser un succès !

Un vertige montait à la tête de Robert ; il sauta sur le trottoir, les oreilles bourdonnantes, un brouillard devant les yeux, tendant machinalement la main à sa compagne, qui descendit, leste, avec un froufrou soyeux de ses dessous, surgissant de la voiture comme un grand iris noir vivant.

Robert paya le cocher et se disposa à suivre la jeune fille sous le large portail vitré dont le chasseur en livrée ouvrait, obséquieux, le battant.

Mady l’arrêta.

— Pas vous !… Vous ne devez pas paraître aujour-