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Quand Robert eut terminé sa lecture, Madeleine avait complètement achevé de s’habiller, posé son chapeau sur sa tête. Sa voilette, ses gants, une étole de fourrure étalés sur le petit canapé, attendaient ses derniers apprêts.

Robert jeta le papier sur la table.

— Que d’intrigues ! fit-il avec écœurement. Puis, il ajouta, laissant percer son désappointement :

— Et moi ? Je ne vois pas trop quelle place j’ai là-dedans…

La jeune fille eut un geste résolu.

— Laisse-moi donc faire, je suis là !…

Il la considéra souriant, avec une ironie amère.

— Vous jouez un joli rôle, ma pauvre Mady !…

Elle se planta devant lui.

— Ah ! mon cher ! s’écria-t-elle la voix dure, nous n’en sommes plus aux délicatesses, pas plus vous que moi !… Lombez a raison… il faut passer la main… ou résolument plonger… en tâchant de ramasser le moins de boue possible… Bah ! on s’en tire, avec de l’adresse…

— Et quelques éclaboussures… termina Robert…

Elle fit un geste vague et, sur le même ton de raillerie acerbe :

— Qu’importe, si l’on se brosse, une fois parvenus au but…

L’auteur reprit le télégramme avec une violence soudaine.

— Ce Lombez !…

Il évoqua la silhouette louche de l’individu. Taille moyenne, maigre, d’une élégance recherchée et râpée, un crâne chauve mal recouvert de mêches noires cosmétiquées, yeux saillants de myope qu’un monocle porté par chic servait mal, des méplats accusés sous la peau parcheminée, une moustache noire cirée : ensemble de