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cruellement, fuyait devant elle, sans qu’elle parût faiblir.

L’ayant vu jouer, un jour, aux Escholiers, Robert Castely, enthousiasmé par l’âme d’élite, par le tempérament dramatique exceptionnel de cette femme, l’avait jointe spontanément, lui avait confié plusieurs de ses pièces à lire. Et ç’avait été entre eux, tout de suite, une liaison profonde, solide, où rien de charnel, ni même précisément d’amical et de personnel ne se faisait jour, du moins jusqu’à présent. Ce qu’ils admiraient ardemment en eux, c’était l’auteur et l’artiste. Avec un pareil délire, une pareille angoisse, ils se disaient que la fusion de leurs dons pouvait les hausser aux sommets de la gloire et de la fortune, et que, peut-être, faute de l’occasion, jamais ni l’un ni l’autre n’arriverait au public, ne franchirait ce seuil de l’art vers lequel tant se ruent ; qu’ils ne parviendraient point à fendre la multitude encombrante, avide comme eux, et moins légitimement qu’eux.

— Alors, quoi, Mady ? interrogea avec anxiété le jeune homme, à peine entré dans le petit salon.

Elle répondit de la chambre, avec une hâte égale, la voix frémissante d’espoirs, d’ivresse, où la terreur de la déception possible se mélangeait.

— Lombez a enfin trouvé l’homme !… J’ai rendez-vous avec eux, tout à l’heure. Je crois que ça y est, cette fois, si rien ne craque !…

Robert haletait, subitement devenu tout pâle.

— Qui ?… Qui est-ce ?… Oh ! ce Lombez !… pourvu qu’il ne nous ménage pas encore une canaillerie !…

Un heurt de porcelaine venant de la chambre dénota un geste d’impatience.

— Ah ! taisez-vous donc, il est très fort !… Et d’ailleurs, en connaissez-vous d’autres ? prononça-t-on âpre-