Il eut un geste de lassitude et de dégoût. — Ah !
Pourtant, il décacheta et lut la missive brève et impérieuse que lui adressait madame de Mamers. « Entre elle et moi, pas d’hésitation, n’est-ce pas ? » Il froissa le papier brutalement et le jeta au panier. Puis, cette stérile exécution accomplie, il fit quelques tours dans la pièce, la mine soucieuse, l’œil fixe.
Et, avec un geste découragé des épaules, il se dirigea vers l’antichambre, prit son chapeau, son pardessus, à la boutonnière vierge encore du ruban qu’il lui fallait conquérir à tout prix.
— Prévenez madame que je ne déjeunerai pas, dit-il au valet de chambre qui mettait le couvert dans la salle à manger. Et, que l’on ne m’attende pas non plus pour le dîner… J’ai une infinité de courses urgentes, et je ne sais à quelle heure je rentrerai.
Dans le salon du petit entresol, madame de Mamers eut, en apercevant Castély, un cri de joie qu’elle n’essaya nullement de dissimuler.
— Ah, toi !… te voilà !…
Et avidement, elle questionna : — Suzanne ?
La physionomie dure, l’écrivain jeta : Suzanne, c’est le passé, n’en parlons plus, je te prie !
À ces mots, la femme qui, en réalité, l’aimait, eut un tressaillement.
— Elle est le passé ? fit-elle lentement. Et moi, je suis le présent. Mais alors, l’avenir, à qui appartiendra-t-il ?
Il eut un sourire mauvais, cravachant l’air de son bras étendu.
— Ah ! l’avenir !… N’y pensons pas, veux-tu ?… Cela vaudra mieux !
Elle détourna les yeux, songeuse.
— Tu as raison, murmura-t-elle avec un malaise.
Car, elle aussi, comme Suzanne naguère, elle avait eu