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venait d’avoir lieu instantanément effacée de son souvenir — il saisit le corps léger de la jeune femme tout à fait privée de connaissance et le porta sur le lit.

— Suzanne, ma chérie ! balbutiait-il, fou d’inquiétude.

Rapidement, Henriette Féraud apportait de l’eau de Cologne, baignait les tempes de Suzanne toujours inerte, dégrafait le col de sa robe de chambre.

— Elle revient à elle ! s’écria Robert avec un indicible soulagement.

Mais la mort semblait avoir passé sur ce corps fragile, dans lequel la vie recommençait son cours à regret, avec lenteur et nonchalance.

Près de dix minutes s’écoulèrent avant que la jeune femme parût recouvrer son entière conscience des choses, bien que ses paupières se fussent soulevées et que quelques faibles couleurs revinssent animer ses joues.

— Suzanne ! implora Robert.

Elle se tourna lentement et aperçut son mari penché sur elle, les yeux pleins de larmes.

Elle fit un imperceptible geste de détachement, et un mince sourire effleura ses lèvres encore décolorées.

Oublions tout ce que je t’ai dit, prononça-t-elle d’une voix de suprême renoncement. Je n’ai vraiment pas assez de temps à vivre pour prendre la peine de tant de tracas… Garde-moi jusqu’à la fin… Ce ne sera pas long… et tu seras libre naturellement, sans aucun scandale. — Cela vaut mieux.

Vaincu par une immense pitié, Robert prit la main frêle qu’elle n’essaya point de lui retirer et la porta dévotement à ses lèvres.

— Je t’aime, murmura-t-il doucement. Je te jure que je t’aime, uniquement… Je te jure aussi que tout ce que tu crois mort en moi n’est pas complètement disparu…