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l’appartement situé au cinquième, embrassait une vue admirable, qu’à ce moment un soleil radieux incendiait d’or.

— C’est splendide s’écria le jeune homme enthousiasme.

Il oubliait toutes les pénibles sujétions, les anxiétés et les rancœurs du passé ; il s’affranchissait avec insouciance des obligations, des servitudes du présent ; il s’élançait dans le soleil du succès artistique qui voile de son halo éblouissant les pires taches, les plus nauséabondes boues des entours.

La voix glaciale de Suzanne le rappela à la réalité, à son écœurant esclavage.

— N’oublie pas que tu dois aller chez madame de Mamers avant le déjeuner, Robert.

Il retourna, tressaillant :

— Ah !… on t’a dit ?…

Il ne savait quoi, dans l’accent pourtant si mesuré de la jeune femme lui avait inspiré la brusque crainte qu’elle ne soupçonnât quelque chose de sa liaison.

Mais Suzanne répondit avec une indifférence qui paraissait très naturelle :

— Oui… Quand elle est partie te chercher à la gare. en auto, elle est montée ici et m’a dit combien il lui tardait de te faire visiter son installation.

Un peu décontenancé, Robert demanda pour ne pas demeurer dans un silence gênant :

— Tu l’as vu son appartement ?… il est bien !

La voix de Suzanne sonna sèchement.

— Non, je n’y suis pas entrée.

Les craintes de Castély le ressaisirent, mais elle ajouta aussitôt :

— Je ne vais pas très bien, tu sais, et je ne sors guère…