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l’âcreté que mettait en lui le souvenir secret de tout ce qu’il avait dû subir pour parvenir…

— Non, monsieur, non !… il dépend des auteurs de réussir !… Qu’ils aient du talent et tout s’aplanira devant eux !… Il n’y a pas d’autre recette !… Les malchances, les obstacles invincibles n’existent que pour les incapables, les ratés !…

Il se tut durant une seconde, puis reprit d’un ton plus calme, avec un détachement prudent…

— Quant à l’arrivisme, mon Dieu !… Qu’entend-on par là, au juste ?… C’est une chose que l’on a créée un peu facticement dans l’opinon, après que l’on a eu inventé le mot, qui était amusant.

Le journaliste ne put s’empêcher de se récrier :

— Oh ! cependant, cher maître !…

— Mais non, je vous assure, c’est inexistant. Examinez bien les choses et les gens, sans parti pris. Où, dans la réalité, coudoyez-vous tant d’arrivistes ? Qui pourrait- on, sans injustice, taxer d’arriviste parmi nos notoriétés littéraires ? Non, non, ne prononcez aucun nom, je le récuse d’avance ! Ce terme, que l’on inflige à une quantité d’hommes de valeur, m’exaspère, car on l’applique vraiment à tort et à travers, sans savoir ce qu’il signifie. En fait, qu’appelle-t-on arrivisme ? Pour ma part, je ne le sais pas…

Et, comme il se taisait, les yeux fixés interrogativement sur son interlocuteur, celui-ci crut devoir prendre la parole. Il s’exprima avec un peu d’hésitation, le ton humble.

— Évidemment, l’opinion exagère quelque peu. Néanmoins, ne croyez-vous pas qu’il est certaines notoriétés usurpées et qui n’ont obtenu leur célébrité qu’à force de réclame éhontée et par suite de manœuvres plus ou moins louables ?