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savais que ce drame — point parfait, sans doute — était néanmoins assez au point pour se présenter honorable- ment aux suffrages. D’ailleurs, les artistes de grand ta- lent qui se chargeaient des rôles me séduisaient. Je sen- tais tout le prix d’être joué par eux.

Le journaliste demanda :

— Vous aviez Jacques de Caula ?

— Précisément.

— Et comme femme, n’était-ce pas mademoiselle Brandès ?

Robert cut sur les lèvres le nom de Madeleine Jaubert ; puis, réfléchissant à l’inutilité de cette rectification — ne valait-il pas mieux bénéficier de la notoriété d’une artiste vivante et au talent en vogue ? — il se contenta d’acquiescer d’un signe de tête vague.

— Après le succès de ce début au Théâtre-Moderne, le directeur du Gymnase et celui de la Comédie-Pari- sienne vous demandèrent chacun une pièce pour la sai- son suivante, si je ne me trompe ?…

Le souvenir de l’accord conclu avec Maurice Sallus, la façon dont il avait fallu bâcler ces pièces, leur réussite fort médiocre traversèrent désagréablement la mémoire de l’auteur. Il n’eut pas le courage de travestir cette lamentable page de sa vie d’homme et d’écrivain.

— C’est exact, se borna-t-il à dire froidement.

— Et, dans la même saison, l’Odéon recevait et jouait l’œuvre admirable qui consacra si justement votre nom ?

— Parfaitement !

L’autre s’extasiait. — Quels débuts aisés ! Quelle magnifique carrière ! Ah ! l’on peut dire que les roses ont toujours été sans épines pour vous, cher maître !

Il avait lancé le titre avec assurance : Robert ne broncha pas.