Page:Pert - L Autel.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est parfait ! se hâta d’aquiescer La Boustière Et puis-je vous demander à quel théâtre vous vous proposez de présenter le manuscrit ?

Robert vit soudain se dresser devant lui la silhouette un peu lourde et chevaline de la belle Valentine de Mamers. Des souvenirs complexes l’envahirent, où domina très vite un sentiment de triomphe.

— L’Odéon, dit-il résolument. Oh ! c’est chose certaine.

Puis, pendant que La Boustière ébloui, restait muet, figé à sa place, il rassembla d’une main preste tous les feuillets épars du manuscrit.

— Je l’emporte, je mets au net, nous faisons une lecture ensemble ; nous nous mettons d’accord sur tous les changements que je crois nécessaires, et immédiatement ensuite, je fais recopier. Il faut que la pièce soit acceptée et distribuée le mois prochain au plus tard.

Il songeait qu’il allait tout de suite passer un télégramme à madame de Mamers, lui donnant rendez-vous pour la lecture de « sa » pièce, dès le surlendemain.

Dehors, il hêla un taximètre et se carra sur les coussins, empli d’une joie orgueilleuse, se sentant devenu quelqu’un, promu véritable auteur dramatique, à présent qu’il escomptait, plein de confiance, le succès d’une pièce qui n’était pas de lui, et qui précisément allait monter son nom aux sommets de la gloire.

Comme il sortait d’un pas allègre de la maison de la rue Fontaine, l’esprit plein de pensées agréables, il n’eut même pas un regard pour la mère de Cécile, debout au seuil de la loge, le regardant tristement s’éloigner, sans oser le retenir et lui rappeler sa promesse.

Le beau tombeau de pierre de la petite ouvrière devait toujours rester nu et lisse, privé de la pensée de l’écrivain.