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Joseph-Pol s’était soulevé, un long frémissement traversant sa chair pesante. Il questionna avec anxiété :

— Alors ?

— Eh bien, c’est chose entendue, que nous allons régler tout de suite, afin qu’il ne se lève dans l’avenir aucun malentendu entre nous… Nous collaborons pour cette pièce ; vous me laissez mes coudées absolument franches pour couper, rogner, développer et modifier dans votre manuscrit…

Avec précipitation et effusion, La Boustière déclara :

— Vous ferez ce que vous voudrez… J’ai pleine confiance en vous, en votre talent et votre tact. Pour ce qui concerne la question pécuniaire, il est bien entendu que je ne veux pas toucher un sou si cette pièce doit rapporter de l’argent… J’aurais de la répugnance à en tirer quoi que ce soit de vénal… Si même, vous trouviez préférable que mon nom ne parût pas à côté du vôtre, peu m’importe, signez seul… Je ne cherche pas avec ce drame une satisfaction orgueilleuse, je n’en attends que la joie douloureuse de voir prendre vie à cet épisode où j’ai mis toute mon âme…

Castély l’interrompit :

— Pas du tout !… Il va de soi que nos deux noms figureront sur l’affiche ! Pour ce qui touche aux droits, je comprends très bien votre sentiment… Si je me trouvais dans une situation qui me permit le désintéressement, je ferais comme vous, et la recette intégralement irait aux pauvres… Malheureusement, mes moyens ne me permettent pas ces délicatesses…

Confus, La Boustière balbutia :

— Ne vous excusez pas, je vous en prie !

Castély reprit avec sécheresse :

— J’accepte donc de percevoir seul la totalité des droits concernant notre pièce, ainsi que vous me le proposez.