Page:Pert - L Autel.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

Avec une précision, une force surprenante, l’idée d’un drame survenu fondit sur Robert…

Il questionna malgré lui :

— Votre fille ?

La concierge éclata en sanglots.

Morte, mon cher monsieur, morte, il y a six se- maines passées, déjà !…

Il recula. — Morte ?

D’un geste familier et suppliant, elle l’invita à entrer :

— Oh ! je vous en prie !… Faites-moi l’honneur, quelques instants… J’aimerais tant parler d’elle !… Il obéit machinalement, avec un regard autour de l’étroit logement, s’attardant à de menues reliques dévotement conservées par la mère : la photographie de la jeune fille, très ressemblante, avec son sourire puéril et ses yeux de rêveuse, aux doigts agiles et au cerveau inoccupé ; plus loin, pendu à la muraille, son petit tablier de percale rose à volants ; un corsage non terminé posé sur la table à ouvrage…

Bas, les yeux secs, aux paupières tremblantes et enflammées par trop de larmes, la vieille femme jeta, avec une volubilité fiévreuse :

— Elle s’est tuée, mon cher monsieur !… Ma petite fille, ma petite Cécile chérie s’est tuée ! Oh ! à vous qui étiez l’ami de mademoiselle Mady, qu’elle aimait tant, je dirai tout, et ça me soulagera, car, avec le monde, il faut que je me taise… il faut que je mente, pour ne pas la déshonorer auprès des gens !… Elle s’est tuée, monsieur, parce qu’elle était enceinte !… Le croiriez-vous ?… Elle !… si sage !… Une enfant qui faisait mon orgueil et mon étonnement. Oui, je peux bien le dire, mon étonnement, par sa raison et sa douceur… Enceinte, mon cher monsieur !… elle me l’avouait dans la lettre qu’elle me laissait, où c’était marqué qu’elle voulait mourir, qu’elle