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pie, mais j’espère néanmoins ne point perdre en entier le souvenir de les avoir pénétrées et partagées… d’en avoir ressenti passagèrement toute la si rare douceur. Je vous aime, à présent, Henriette, comme je devine que vous voudriez que s’aiment des époux encore dans la force de l’âge et chez qui, néanmoins, a disparu la tyrannie de la sexualité, vaincue par une cérébralité sereine. Oui, je vous remercie de m’avoir fait connaître ce sentiment bizarre et doux… de respect, de paix, de sécurité en même temps que de tendresse si profonde… d’allègement, en quelque sorte, de n’avoir plus à subir le despotisme de la préoccupation passionnelle… et. cela, auprès d’une femme éminemment désirable, pour laquelle je venais d’éprouver la colère la plus aiguë et la plus complexe qu’un homme puisse ressentir… Comment êtes-vous arrivée à ce miracle, c’est ce que je me demandais tout à l’heure. Et, je crois que j’ai trouvé le secret de votre influence… C’est parce que vous êtes parfaitement bonne et tendre sous vos dehors austères et votre rigidité inflexible.

Madame Féraud hocha la tête.

— Je parais souvent pédante… parce que, vivant à l’écart du monde, j’ai plus l’habitude de causer avec des livres qu’avec des vivants. Bonne ?… Je ne sais pas si je le suis… Il y a des êtres beaucoup plus sensibles que moi… et ma pitié prend souvent une forme qui n’est pas comprise de tout le monde…

Il l’interrompit par une question soudaine.

— Dites-moi est-ce que je vous parais un honnête homme ?

Elle répondit avec une franchise affectueuse :

— Dans un autre milieu, avec des influences différentes, je crois que vous fussiez devenu un homme remarquable par la force et la dignité du caractère… Tel que